E. d'Hooghvorst
La genèse de ce livre(1) hermétique est curieuse. L’auteur avait un ami. Il voulait l’initier aux arcanes de l’Art d’Hermès ; et c’est à son intention qu’il rédigea tout d’abord un petit cahier de sentences hermétiques qui n’étaient pas destinées à la publication. Avec le temps, l’inspiration s’est faite de plus en plus abondante et ce fut la matière d’un livre édité en 1946 par les soins de l’auteur(2). Il avait cru, en effet, qu’il se trouverait peut-être quelque part d’autres hommes à la recherche du trésor perdu et que ce livre pourrait les aider(3). Ce ne fut pas l’avis des éditeurs ni de la critique. Aucun éditeur ne voulut se charger de cette publication et la critique n’en souffla mot(4). Mais l’auteur ne s’en soucia guère, et l’inspiration continua ; si bien que l’ouvrage, à présent, comporte vingt-cinq livres, alors que la première édition n’en contenait que douze.
Comme il nous était impossible de publier le livre entier dans le cadre d’une revue, nous avons dû nous contenter d’en faire une anthologie. Il nous a fallu choisir parmi les sentences ; la tâche était ardue ; quelle était la raison de choisir l’une plutôt que l’autre ? Tout en nous efforçant de donner une idée générale de cette oeuvre où se lient et s’enchevêtrent le souffle mystique et l’inspiration hermétique, nous avons surtout choisi les sentences qui soulignent l’opposition fondamentale entre la science profane et la science hermétique.
Les sentences sont disposées sur deux colonnes qui se répondent. Ce sont les deux colonnes du temple, le Feu et l’Eau, Apollon et Artémis, le Soleil et la Lune hermétique. Les sentences se répondent quelque fois verticalement, quelque fois horizontalement, quelque fois en X.(5)
Le lecteur pressé ne s’y attardera pas. L’expression est souvent énigmatique. Ce livre exige du lecteur un effort peu commun ; il ne s’adresse pas à tous, mais seulement à ceux qui savent lire. Il ne cherche pas à plaire, mais à induire. C’est un petit sac de pensées secrètes et condensées comme des semences.
L’objet du Message, le voici, c’est très simple : « Le dogme du Progrès est un dogme impie et la science profane, une vaine illusion ; il n’y a que la chute de l’homme dans les ténèbres de la mort, et sa réintégration dans la splendeur première par le moyen de l’Art. » Tout le reste est vanité.
L’auteur nous parle du Grand OEuvre. Il nous dit comment l’eau sort de terre par le moyen du feu et comment le feu retourne en terre par le moyen de l’eau ; comment le Soleil, la lune et les étoiles travaillent de concert avec le Sage Artiste ; comment germe le soleil terrestre, l’or des Sages, dans sa gangue ténébreuse ; comment le feu mûrit toute chose, jusqu’à la perfection aurée du fruit très parfait. Comme l’écrit Lanka d'El Vaste, dans la belle préface qu’il a donnée à ce livre, il se dégage du Message Retrouvé un Parfum de Vérité qui séduit ceux qui la cherchent d’un coeur aimant.
Les hommes ne sont pas friands des mystères de la vie. C’est curieux, mais ils n’y croient pas. Lorsque Paul vint à Athènes (l’Athènes de Pallas et des Mystères Elusiniens !) rappeler à ses habitants le sens profond de leurs propres traditions, ceux-ci ne le reçurent pas. « Lorsqu’ils entendirent parler de résurrection des morts, les uns se moquèrent, les autres dirent : Nous t’entendrons là dessus une autre fois1. »
Etre mort, c’est redouter la lumière et la vie.
Un rameau de l’antique Science d’Hermès est-il en voie de refleurir solitaire à Paris dans une petite boutique de la rive gauche ?
Ce gai savoir qui nous vient comme une lumière du fond des âges ne vieillit jamais. Il nous apparaît toujours jeune, resplendissant, identique à lui-même, chaque fois qu’un fils d’Hermès le remet en évidence. Son objet est unique. Le Pharaon Akhenaton l’avait déjà gravé sur une stèle de marbre qui nous est parvenue à travers cinq millénaires «en traversant les ans comme une pierre l’onde » :
O Père, tu es dans mon coeur et nul
Ne te peut connaître si ce n’est moi, ton fils !